La restauration de l'orgue Teschemacher appartenant à Me Reymond, par Orgelbau Felsberg.


Dans le courant du mois de novembre 1988, Me Reymond confia son orgue à notre atelier dans le but d'une restauration. A première vue, l'instrument avait besoin d'un bon dépoussiérage et du travail de routine consistant à étanchéiser le sommier, les tampons des tuyaux de bois, le soufflet et sa pompe et réparer les pièces cassées: entretoise du levier de la pompe, tuyaux de bois et de métal, etc. Tous ces défauts dus à une usure normale ne suffisent cependant pas à ternir l'admiration qui s'empare des gens du métier à la vue de cet orgue: l'auteur de cet instrument possédait une technique parfaite. Tout l'orgue est construit en chêne, exceptés le clavier, les panneaux du fond et du plafond, et le soufflet. Le buffet, d'une allure très élégante, est d'une finition irréprochable, comme d'ailleurs toutes les parties qui se trouvent à l'intérieur.

Description

Le buffet d'orgue possède des volets qui, fermés, lui donnent l'aspect d'une armoire.

Lorsqu'on les ouvre, on découvre une façade de 2' dont les plus grands tuyaux se trouvent au centre.

La disposition de ces tuyaux est la suivante:

G A H cs ds f g a h cs' // F Ds Cs C D E Fs // d' c' b gs fs e d c B Gs

Sous cette façade se trouve un panneau amovible sur lequel s'appuie le pupitre et derrière lequel sont placés les tuyaux de la Vox humana. Les deux montants qui encadrent ce panneau sont munis de quatre tirants de jeu chacun, dont les boutons portent une rondelle de cuir sur laquelle le nom du jeu est imprimé en lettres dorées, malheureusement en partie effacées.

Voici la disposition des jeux à la console:

Vox humana Vox humana
Octaaf 2 Voet Nachthorn 4 Voet
Fluit travers 4 Voet Salicet 8 Voet Disc.
Holpijp 8 Voet Viola di Gamba 8 V. Disc.

La Vox humana est coupée entre h et c' et les registres de dessus commencent au c'. L'étendue du clavier est de 54 notes C-f'''. Les marches sont en ivoire et les feintes en ébène.

Longueur des marches: 124 mm
Longueur des feintes: 84 mm
Longueur des palettes: 38,5 mm
Octave: 165,5 mm
Longueur totale: 525 mm
Point de tirage en partant de l'avant: 190 pour les marches, 140 pour les feintes.

Deux petits tirants se trouvent de part et d'autre du clavier, celui de droite actionnant le tremblant (système à vent perdu) et celui de gauche étant une jauge qui indique le niveau du soufflet: trois traits blancs horizontaux espacés d'environ 63 mm y indiquent le hauteur moyenne du soufflet.

Le clavier se ferme au moyen d'un couvercle à glissière. La partie avant du soubassement est fermée par un panneau sculpté amovible. Le socle est surélevé et repose sur quatre pieds. Une ouverture pratiquée à droite permet d'y loger la pédale qui actionne la soufflerie. Cette pédale est amovible et l'ouverture peut être fermée à l'aide d'une cale en chêne qui s'encastre parfaitement dans la moulure du socle.

Le côté du buffet est composé de cadres et de panneaux fixes. L'arrière s'ouvre entièrement au moyen de deux panneaux amovibles.

Soufflerie

La soufflerie comporte un soufflet cunéiforme à trois plis saillants (1060 mm x 623 mm) muni d'une pompe. Le porte-vent, sur lequel est installé le tremblant (115 x 58 ext.), s'emboîte dans des parties creuses, l'une placée dans le prolongement du soufflet à sa partie étroite, l'autre dans le prolongement de la laye. Les tables du soufflet et de la pompe sont d'une seule pièce. Deux traverses sont encastrées sur la table supérieure à 13 cm de chaque bord et sont reliées entre elles par deux autres pièces de bois de section plus petite et simplement collées sur la table. Un rail en chêne s'emboîte sur les traverses principales au moyen d'ergots en métal. Ce rail légèrement courbe porte un rouleau en fer (83mm de diamètre x 80 de long) qui, en se déplaçant plus ou moins, corrige les variations de pression dues à une ouverture différente des plis. Deux plaques de plomb d'environ 6 mm d'épaisseur et pliées en équerre assurent la pression qui était de 50 mm lorsque nous avons pris l'orgue en mains. Ces plaques paraissent anciennes, sans que l'on puisse dire avec certitude qu'elles sont d'origine.

Sommier

Le sommier, en chêne, est disposé chromatiquement. L'emplacement des soupapes correspond à la division du clavier, sauf pour les huit premières notes disposées en ravalement au moyen d'un petit abrégé (à l'italienne). Les tuyaux postés sont alimentés par les pièces gravées. Les tuyaux en bois sont profondément enfoncés dans les chapes et ne sont tenus par aucun ratelier.

Longueur du sommier: 850 mm
Largeur du sommier: 432 mm
Hauteur des gravures: 29 mm
Hauteur extérieure: 47 mm
Epaisseur des règles: 6 mm
Largeur de la laye: 805 mm
Profondeur de la laye: 190 mm
Hauteur de la laye: 60 mm
Longueur des soupapes: 165 mm

 
C
c
c'
c''
c'''
f'''
Largeur des soupapes
19 mm
12,5
12,5
10,5
9
9
Largeur des gravures
11
6,5
6,5
5,5
4,5
-
Perce Vox humana
9
7
6
5,5
5
5
Octaaf 2'
7,5
6
5
5
5
5
Nachthorn 4'
8
7,5
6
5
5
4,5
Fluit travers 4'
8
7
5,5
5
4,5
4,5
Salicet 8'

7
6
5
5
Viol di Gamba 8'

7
5,5
5
5
Holpijp 8'
11
8
7
6
5
5

Les problèmes posés par la restauration

Après le démontage de l'orgue pour le transport, le nettoyage et la réparation, nous avons soigneusement contrôlé toutes les pièces en espérant qu'une inscription nous renseignerait sur le facteur ou la date de la construction de l'instrument. Cette recherche fut cependant vaine, car seules quelques inscriptions en hollandais concernant l'ordre de montage et la mention "Révision F. Gruaz Nov. 1964" sur le tampon de la laye sont encore visibles.

Bien que la facture de l'instrument soit encore très classique, le clavier blanc, son étendue et ses dimensions, de même que la présence dans la composition d'une gambe et d'une flûte octaviante, nous ont fait penser à un orgue qui aurait pu avoir été construit entre 1810 et 1840.

Or M. Harald Vogel, qui a vu l'orgue démonté lors d'une visite dans nos ateliers, nous a fait remarquer qu'il s'agissait sans doute d'un orgue allemand, et qu'une inscription telle que "Nachthorn" était peu probable en Hollande. C'était déjà une piste. Une autre indication, beaucoup plus précieuse, était l'adresse de M. Arend Jan Gierveld, expert pour les orgues de salon aux Pays-Bas. M. Freytag lui a écrit et envoyé des photos de notre orgue en lui demandant s'il pouvait situer l'instrument. La réponse nous est revenue nette et précise sous forme d'une copie d'un article paru dans le journal "Oude Kunst" de 1916: la première page de l'article comporte en effet la photo d'un orgue absolument semblable à celui de Me Reymond. A la deuxième page figure une photo montrant l'orgue sans la façade et le panneau du soubassement ouvert, de telle sorte qu'on peut voir l'intérieur. Là aussi la ressemblance est totale, d'autant que les tuyaux rallongés sont eux aussi visibles.

L'auteur de cet article était un organologue hollandais, J.W. Enschede, qui s'intéressait déjà à l'orgue ancien et qui a pris l'exemple de son orgue privé pour rédiger un article sur l'orgue ancien en général. Or, Me Reymond nous a confirmé qu'un J.W. Enschede faisait bien partie de sa famille.

L'identification de l'orgue n'était donc plus un problème: il s'agit d'un instrument de Jacob Engelbert Teschemacher (1711-1782), facteur d'orgues à Wuppertal-Elberfeld en Allemagne.

En plus de cet article, M. Gierveld nous fit parvenir la copie de trois articles de journeaux américains où il est question des orgues de Teschemacher, et plus particulièrement d'un instrument qui se trouve actuellement à la "Bethel College Mennonite Church, North Newton, Kan.": quatre photos de cet orgue montrent un instrument qui ressemble beaucoup au nôtre, particulièrement celle de l'intérieur de l'orgue vu de l'arrière, où la ressemblance est totale.

M. Freytag fit un voyage d'études à la fin du mois de décembre à Wuppertal où il eut l'occasion de voir plusieurs instruments de Teschemacher et de son successeur Gerhard Schrey. Il a notamment rassemblé une documentation sur les orgues de la "Hervormde Kerk te Waals" (1772) et de la "Michaelskirche" de Wuppertal-Elberfeld (vers 1780, Teschemacher/Schrey). Nous avons en outre puisé dans la publication "Neue Beiträge zur Musikgeschichte der Stadt Wuppertal" de Joachim Dorfmüller.

Les problèmes concrets posés par cette restauration étaient les suivants:

1) L'orgue possédait-il un pédalier?
Une pièce de bois percée de 15 trous carrés d'environ 9 mm de section et placée du côté de la basse indique que l'orgue devait posséder un pédalier. Cela est d'autant plus vraissemblable que le même nombre de notes est percé au clavier. De même, la marque d'écrous en cuir atteste l'existence d'un pédalier. La pièce de bois du socle est d'une finition parfaite et ne présente pas du tout l'aspect d'un ajout hâtif. Elle est maintenue en place à l'aide de clous forgés. Sous le clavier est clouée une plaque de fer (en partie arrachée) qui a pu servir d'entretoise pour une barre de balanciers en éventails axés en queue. Il restait à savoir si ce pédalier était d'origine. Après avoir cru tout d'abord à l'existence d'un tel pédalier dès l'origine, nous avons fini par abandonner cette idée pour les raisons suivantes:
- d'après ce que nous avons vu des orgues de Teschemacher (aussi bien dans la documentation qu'en réalité), celui-ci réduisait la division du pédalier à celle du clavier au moyen d'un abrégé, ce qui est tout à fait exclu dans l'orgue de Me Reymond en raison du manque de place;
- chez Teschemacher, le guide des pilotes qui descendent sous le socle est rectangulaire (vergettes de grosse section), alors qu'à l'orgue de Me Reymond il est carré (de section 9 mm);
- le manque de place entre le soufflet et le panneau de fermeture du soubassement est tel que même une vergette très mince ne pourrait fonctionner sans frotter aux lanières qui tirent les plis du soufflet; c'est probablement la raison pour laquelle M. Enschede a considéré ce pédalier comme un élément étranger à cet orgue, si bien qu'il l'a supprimé.
C'est la même raison qui nous a retenus de reconstruire un pédalier dont on est à peu près sûr qu'il ne fonctionnerait pas de manière satisfaisante. Le guide dans le socle est certes ancien, mais il a très bien pu être ajouté par Schrey qui continuait à travailler comme Teschemacher. Si un élément nouveau se présentait indiquant l'originalité du pédalier, il serait possible à tout moment de procéder à sa reconstruction.

2) La pression
La pression mesurée avant démontage était de 50 mm. Dans son article, Enschede dit avoir ramené la pression à ce qu'il considérait s'approcher de la valeur d'origine, soit 46,5 mm.

Il semble que les poids qui se trouvent sur le soufflet soient d'origine en raison de leur totale adaptation à la construction de celui-ci. Il s'agit en l'occurrence de deux plaques de plomb pliées en équerre et prévues pour être clouées sur la traverse du côté de la partie ouvrante du soufflet. Ces poids n'étaient pas fixés lorsque l'orgue nous a été confié, mais des traces de clous étaient visibles dans la traverse. Quelle était donc la vraie place de ces poids?
L'emplacement est évident dans le cas de la plus étroite des deux plaques: une découpe correspondant à l'emplacement de la soupape de sûreté du soufflet avait été pratiquée, et il paraît donc évident que c'est à cet endroit que la plaque était clouée à la traverse du soufflet. C'est d'ailleurs là que nous l'avons trouvée et qu'elle est visible sur la photo reproduite dans l'article de M. Enschede.
Les dimensions de l'autre plaque correspondent exactement à la largeur du soufflet (580 mm) et la place entre la traverse du soufflet et son extrémité (118 mm). Au démontage nous avons trouvé cette plaque simplement posée sur le soufflet parallèlement au rail que nous avons décrit plus haut. Or cet emplacement est tout à fait inapproprié si l'on songe à la forme d'équerre de cette plaque, qui ne peut être située que soit à l'avant soit à l'arrière du soufflet, ce que les traces des clous dans la plaque elle-même et dans les traverses montrent clairement.
Cette plaque était-elle à l'avant ou à l'arrière du soufflet? Sur la photo faite par M. Enschede on voit nettement que la plaque se trouve à l'arrière et sa décision de la placer à cet endroit a certainement été motivée par sa connaissance de l'orgue hollandais qui ne possède pratiquement jamais d'anches. L'expérience montre que la Vox humana ne fonctionne pas à 46,5 mm de pression alors qu'elle parle parfaitement si on place la plaque à l'avant. Il semble d'ailleurs absurde de mettre un poids à l'arrière d'un soufflet cunéiforme, où l'action est pratiquement nulle. C'est pourquoi nous avons décidé de mettre cette plaque de l'autre côté, la pression ainsi obtenue étant de 60 mm. La justesse de cette décision s'est confirmée lorsque nous avons eu connaissance de la pression originale pratiquée par Teschemacher à Oosderland/Wieringen (1762), 36 grades (83,4 mm) pour un orgue de 11 jeux. Cette pression est rendue nécessaire par les jeux d'anches aux languettes relativement épaisses. La pression de 60 mm pour laquelle nous avons opté ici correspond à environ 26 grades.

3) Le problème du diapason
A l'examen il apparut que tous les tuyaux avaient été rallongés, très proprement d'ailleurs. Ces mêmes rallonges apparaissent aussi sur la photo de l'article de M. Enschede, même si ce n'est pas très net. Lorsque l'orgue nous fut confié, le A était environ à 403 Hz à 15°C, soit ¾ de ton plus bas que le diapason A=440 Hz. La pression était de 50 mm. Ce diapason nous avait d'abord paru très suspect, surtout pour un orgue que l'on pensait avoir été construit au début du 19e siècle.

La manière dont M. Enschede conduit son article suggère qu'il a fait procéder lui-même à l'abaissement du diapason. A cet égard il convient néanmoins de relever quelques points qui nous semblent manquer de cohérence:
1.M. Enschede indique: a norm = env. 1/8 plus bas que b. Or, si le la est 1/8 de ton plus bas que b (ou si b), on obtient une fréquence de 459,4 Hz, donc plus haute que notre diapason, ce qui est impossible vu que les tuyaux de bois sans les rallonges sonnent plus bas que 440 Hz. (Si le b hollandais équivaut au h, la différence est encore plus grande.)
2.Comme preuve du diapason qu'il préconise, Enschede cite des exemples anciens se situant d'après lui entre 415 et 430 Hz, par exemple:
- Gottfried Silbermann (415-419,5 Hz, ce qui est inexact à notre connaissance, les orgues de ce facteur étant accordés plus haut que notre diapason actuel),
- l'accord de G.F. Haendel (422,5) et
- Stradivarius (419,5).
3.Pour Enschede, l'orgue fut construit en 1760. Ceci est peu probable en raison de l'étendue du clavier qui suggère plutôt une date comprise entre 1770 et 1780.
D'autre part, même si aucun orgue de Teschemacher n'a gardé son diapason original, on sait qu'il accordait ses instruments plus haut (environ ½ ton). L'orgue de Me Reymond est donc une exception, et ce qui est tout aussi exceptionnel, c'est le fait que Teschemacher ait inscrit les chiffres "4 ½" et "2 ¼" à côté de la dénomination des jeux, ce qui semble indiquer que les jeux étaient plus graves que d'habitude (+ ½ ton?).
Vu l'époque de construction de cet orgue (1770-1780), il n'est pas déraisonnable de penser qu'il a fort bien pu être accordé au diapason qui se répandait alors de plus en plus, soit a=430 Hz. Les deux éléments suivants viennent confirmer cette idée:
1) Tous les tuyaux ouverts portent des entailles pour des couvercles d'accord, et cela de chaque côté du tuyau, parfois même sur les quatre côtés. Ces entailles paraissent avoir été faites d'avance, de façon que le couvercle d'accord puisse être glissé de la manière la plus adéquate par rapport à la position des tuyaux. Les tuyaux étant trop longs pour un diapason de 435 Hz, cela tendrait à prouver que ces entailles sont plus anciennes que le 19e siècle, et elles auraient été beaucoup trop longues pour convenir à un diapason de a=404 Hz comme celui que nous avons trouvé.
2) Les tuyaux de bois étant peints en blanc à l'intérieur, une ancienne marque due à l'usure provoquée par les tampons reste visible. Si l'on accorde l'orgue au diapason d'environ 430 Hz, cette marque coïncide avec l'emplacement des tampons.

4) L'accord
Aucun élément ne nous est connu en ce qui concerne le tempérament pratiqué par Teschemacher. Nous avons donc opté pour un système bien tempéré ("wohltemperiert") comme ceux qui étaient en usage à cette époque:
7 quintes diminuées de 1/6 de comma pythagoricien,
1 quinte augmentée de 1/6 de comma pythagoricien,
4 quintes justes.
C – g – d – a – e – h – fs 0 cs 0 gs 0 ds + b 0 f – c



Essai d'analyse des mesures

Remarques:
- Tous les jeux paraissent suivre un modèle, une progression unique. Le tableau synoptique en est la confirmation. Pour faire ce tableau, je n'ai pris que les largeurs de bouches, ayant constaté des irrégularités dues à l'exécution: rabotage des tuyaux en bois avant le calage des faces et, pour les tuyaux en métal, influence de l'épaisseur du métal.
- La largeur de bouche pour les tuyaux en bois est de 2/3 de la profondeur (facteur 1,5), et pour les tuyaux en métal du quart de la circonférence.
- Comme point de départ, j'ai pris la largeur de bouche du plus grand tuyau de la Holpijp 8', soit 64 mm.
- Voici le schéma théorique proposé:
Proportion du triangle rectangle: 3:5 = 1,6
c8 y = 64 mm
O y = 120,75
O c8 = 102,4
c4' = c8 y pris en Oc4' = 40
c2' = c4' y pris en Oc2' = 25
c1' = c2' y' pris en Oc1' = 15,6
c½' = c1' y'' pris en Oc1/2' = 9,76
c1/4' = c1/2' y''' pris en Oc1/4' = 6,1
A = Oy4 pris en OA = 7,19

Ce schéma implique partout la division par 1,6, sauf dans le cas des aigus (c1/4) où il semble que ce soit A-a qui ait été choisi. Cela parait d'autant plus crédible que l'opération faite à l'aide du compas s'est révélée extrêmement simple.

Octaaf 2 Voet
Remarques:
- En façade de C à d'. Les lèvres sont rondes et dorées à la mixtion. La hauteur des lèvres supérieures est d'environ deux largeurs de bouche.
- Tous les tuyaux sont munis d'une pièce rapportée en haut permettant de baisser le ton.
- Les traces d'anciens rouleaux sont visibles sur presque tous les tuyaux.
- Les bouches sont originales.
- Des dents ont été pratiquées dans les biseaux, sauf dans les aigus.
- L'ouverture des pieds, bien que très fermée, parait être originale.
- Le pourcentage d'étain est élevé.
- Les tuyaux ds' et e' avaient été prévus pour la façade; ils se trouvent maintenant à l'intérieur (lèvres rondes, pieds longs recoupés).
- De f' à cs'', seuls les corps sont riches en étain, le reste étant comme les autres tuyaux qui sont à l'intérieur.
- Le premier tuyau porte l'inscription suivante:
C
Principal
2 ¼ Fuss
- Les lèvres du premier C sont soudées, celles du reste des tuyaux sont seulement imprimées; elles sont cependant en relief pour le haut et le bas. L'effet est excellent.
- Les hauteurs de bouches correspondent à peu près au 11/3 des largeurs de bouches:
C=9,27; c=6,05; c'=3,68; c''=2,5; c'''=1,7.

Nachthorn 4 Voet
Remarques:
- Jeu bouché entièrement en métal raboté main.
- Les pieds et les corps sont faits dans le même métal.
- Les biseaux sont en plomb.
- Les oreilles sont faites du même métal que le reste du tuyau. Longueur: environ 1 diamètre extérieur. Largeur: environ une demi largeur de bouche. La teneur relativement riche en étain a fait que beaucoup d'oreilles sont tombées et ont été remplacées par des oreilles en plomb (lorsqu'on a abaissé le ton de l'orgue?).
- Les calottes mobiles sont de fabrication plus récente. Leur longueur est d'environ deux diamètres. L'étanchéité est réalisée grâce à du papier bleu (couverture de cahier) et quelques bouts de journeaux écrits en hollandais.
- Les traces des anciennes calottes sont encore visibles sur les tuyaux.
- Les lèvres sont en forme de fer à repasser. La hauteur de la lèvre supérieure est d'environ deux largeurs de bouche.
- L'harmonisation est assez originale. Des dents ont été ajoutées, les bouches sont d'origine, les pieds ont été chanfreinés très récemment (Gruaz 1964) mais leur ouverture est peut-être encore d'origine.
- Le premier tuyau porte l'inscription
C
Nachthorn
4 ½ Fuss
- Les hauteurs de bouches sont d'environ le tiers de la largeur:
C=2,75; c=2,5; c'=3; c''=3; c'''=3,3 (= rapports d'octave).

Fluit travers 4 Voet
Remarques:
- Ce jeu est entièrement en bois de chêne et en bon état.
- Les tuyaux sont bouchés de C à H, de même mesure et de même fabrication que la "Holpijp 8'". Le premier tuyau porte l'inscription:
C
FLEUT TRA=
VERSO
4 ½ Fuss
- D et E ont des pieds longs.
- De c à cs' les tuyaux sont ouverts, mais ils suivent la même progression que les tuyaux bouchés. De petites oreilles en chêne y ont été ajoutées.
- De d' à c'' les mesures sont plus grosses et les tuyaux ont des pieds longs.
- De cs'' à h'' les tuyaux sont harmoniques à double longueur. Un trou de 4mm de diamètre est pratiqué sur la face avant au tiers environ de la longueur à partir de la bouche.
- De c''' à f''' il s'agit de tuyaux plus récents en copie des originaux, mais de facture plus grossière.
- Tous les tuyaux ouverts ont été rallongés, d'ailleurs très proprement. Les derniers tuyaux, de c''' à f''', sont d'une seule pièce dont le chêne ressemble à celui des rallonges des autres tuyaux, ce qui suggère que ces travaux avaient été accomplis en même temps.
- Tous les tuyaux ouverts sont munis de couvercles d'accord en étain raboté machine.
- Hauteur des lèvres: identique à celle de la Holpijp.
- Les f et fs portant l'inscription f' et fs', sont intervertis avec le salicet.
- Hauteurs de bouches de c à c' comme Holpijp. Mêmes dimensions également de d' à h'' (env. 10/3).

Holpijp 8 Voet
Remarques:
- Jeu entièrement en bois de chêne.
- C, Cs, D, Ds et E postés horizontalement au plafond de l'orgue et coudés.
- Fs, Gs, B, c et d postés en ravalement sur la paroi latérale du côté des aigus.
- Cs, D, Ds et E ont des pieds rapportés qui augmentent ainsi la longueur pour compenser la diminution des corps.
- Les blocs sont d'une seule pièce en bois.
- De C, F à f''': pieds courts, légèrement côniques et tournés, formant une seule pièce avec les blocs.
- De C à fs: tuyaux raccourcis d'environ ½ ton. Ce travail a été fait grossièrement et semble être le résultat d'une erreur étant donné que les tampons d'origine ont dû être modifiés afin d'augmenter la longueur en abaissant le ton. Seule la partie centrale de ces tampons est originale.
- Les changements de longueur décrits ci-dessus mis à part, ce jeu est d'origine et en parfait état.
- Hauteur des labiums: plus ou moins une largeur de bouche + une épaisseur de bois.
- Hauteur de bouche: env. 13/5 de la largeur:
C=24,6; c=15,4; c'=9,4; c''=5,8; c'''=3,9.

Salicet 8 Voet Disc.
Remarques:
- Jeu en chêne en bon état.
- Le premier tuyau porte l'inscription suivante sur la lèvre inférieure:
c'
UNDAMA=
RIS.
2 ¼ Fuss
- Les f' et fs', avec l'inscription f et fs, sont intervertis avec des tuyaux de la Fluit traverso.
- Tous les tuyaux ont été rallongés de la même manière que pour d'autres jeux (Fluit traverso).
- Le tuyau ds''' possède comme les tuyaux harmoniques un trou, bouché ici à l'aide d'un bout de carton.
- Hauteurs de bouches: env. 12/5: c'=9,79; c''=6; c'''=4,16.

Viola di Gamba 8 Voet Disc.
Remarques:
- Jeu de même fabrication et de même métal que le Nachthorn 4'. Le diamètre est légèrement plus étroit en bas qu'en haut.
- Toutes les bouches ont été abaissées et, pour ce faire, les tuyaux ont été coupés juste au-dessus des biseaux. Corps rallongés proprement. Entailles d'accord jusqu'en haut.
- Toutes les oreilles sont neuves et en plomb. Elles sont de même fabrication que celles, en plomb également, du Nachthorn.
- Un grand nombre de dents ont été ajoutées au biseaux.
- L'harmonisation n'est plus du tout originale.
- Le premier tuyau porte l'inscription:
c'
Violin Discant
2 ¼ Fuss
- Des traces d'anciens rouleaux d'accord sont visibles en-dessous des rallonges neuves.
- Lèvres identiques à celles du Nachthorn.

Vox humana
Remarques:
- Noyaux en chêne, corps en étain. De C à c' couvercles de réglage, reste ouvert.
- Anches en bois de C à e et recouvertes de peau, le reste en laiton, légèrement coniques (la partie la plus étroite en avant).
- Hauteur du bloc dans lequel sont encastrés les noyaux: C-H: 112; c-h: 97; c'-f''':70.

Bibliographie

Joachim Dorfmüller
300 Jahre Orgelbau im Wuppertal
Beiträge zur Geschichte und Heimatkunde des Wuppertals, Band 28
Born-Verlag, Wuppertal, 1980
Neue Beiträge zur Musikgeschichte der Stadt Wuppertal
Herausgegeben von Joachim Dorfmüller
Merseburger, 1981